Quel plaisir de participer à la Rencontre Internationale du Next  Einstein Forum 2018! Ce matin, j’ai assisté à la session sur les  avancées majeures du monde entier avec quatre spécialistes : Douglas  Wallace, du Centre de médecine mitochondriale et épigénomique à  l’institut de recherche de l’hôpital pour enfants de Philadelphie, aux  États-Unis ; Oshiorenoya Agabi, fondateur de Koniku ; Sayed Azam-Ali, de  Crops For the Future ; et Chamindie Punyadeera, du groupe de recherche  translationnelle sur la salive de l’universite technologique du  Queensland, en Australie.
 Les présentations étaient toutes fascinantes, mais une en particulier  m’a marquée. Il s’agit de celle de Sayed Azam-Ali sur les céréales  oubliées qui peuvent nourrir le monde. Selon lui, chaque fois que nous  traduisons des connaissances dans une autre langue, nous perdons une  partie de ces connaissances! Avons-nous conscience de cela?
 En Afrique, nous persistons, pour des raisons historiques et politiques,  à maintenir l’utilisation des langues des anciennes colonies tout en  négligeant, voire parfois en combattant, l’utilisation des langues  nationales ou dites « du milieu ». Or, avec ces langues, ce sont des  savoirs et des savoir-faire ancestraux qui se transmettent de génération  en génération. Ces derniers se perdent ou se détériorent lorsque nous  les traduisons dans les autres langues.
 Ayons le courage de considérer les choses différemment et de remettre  nos langues africaines au même niveau que les langues occidentales. À la  5e édition de la Semaine de la Science et des Technologies  qui aura lieu à Kinshasa, en République démocratique du Congo, du 11 au  14 avril 2018, les visiteurs auront l’occasion de participer à des  animations scientifiques données dans les 4 langues nationales du pays.  Ceci est fait dans l’objectif de montrer au monde que nous pouvons  enseigner et faire des sciences dans nos langues. Nous devons considérer  enfin sérieusement ces savoirs que nous négligeons.
 Pour paraphraser Sayed Azam-Ali, gardons à l’esprit que chaque fois  qu’un agriculteur meurt en Afrique, c’est une libraire qui disparaît!
   
Conserver les langues pour conserver les savoirs
March 28, 2018