Conserver les langues pour conserver les savoirs

March 28, 2018

Quel plaisir de participer à la Rencontre Internationale du Next Einstein Forum 2018! Ce matin, j’ai assisté à la session sur les avancées majeures du monde entier avec quatre spécialistes : Douglas Wallace, du Centre de médecine mitochondriale et épigénomique à l’institut de recherche de l’hôpital pour enfants de Philadelphie, aux États-Unis ; Oshiorenoya Agabi, fondateur de Koniku ; Sayed Azam-Ali, de Crops For the Future ; et Chamindie Punyadeera, du groupe de recherche translationnelle sur la salive de l’universite technologique du Queensland, en Australie.
Les présentations étaient toutes fascinantes, mais une en particulier m’a marquée. Il s’agit de celle de Sayed Azam-Ali sur les céréales oubliées qui peuvent nourrir le monde. Selon lui, chaque fois que nous traduisons des connaissances dans une autre langue, nous perdons une partie de ces connaissances! Avons-nous conscience de cela?
En Afrique, nous persistons, pour des raisons historiques et politiques, à maintenir l’utilisation des langues des anciennes colonies tout en négligeant, voire parfois en combattant, l’utilisation des langues nationales ou dites « du milieu ». Or, avec ces langues, ce sont des savoirs et des savoir-faire ancestraux qui se transmettent de génération en génération. Ces derniers se perdent ou se détériorent lorsque nous les traduisons dans les autres langues.
Ayons le courage de considérer les choses différemment et de remettre nos langues africaines au même niveau que les langues occidentales. À la 5e édition de la Semaine de la Science et des Technologies qui aura lieu à Kinshasa, en République démocratique du Congo, du 11 au 14 avril 2018, les visiteurs auront l’occasion de participer à des animations scientifiques données dans les 4 langues nationales du pays. Ceci est fait dans l’objectif de montrer au monde que nous pouvons enseigner et faire des sciences dans nos langues. Nous devons considérer enfin sérieusement ces savoirs que nous négligeons.
Pour paraphraser Sayed Azam-Ali, gardons à l’esprit que chaque fois qu’un agriculteur meurt en Afrique, c’est une libraire qui disparaît!