Jonathan Esolé est un légitime lauréat du NEF pour 2017-2019. Il fait en effet des mathématiques sur des questions qui découlent directement des travaux d’Einstein. Cette science de haut niveau, qu’il a commencé à pratiquer en Europe, le conduira bientôt, si tout va bien, à un poste de professeur titulaire à la Northeastern University, aux Etats-Unis. Pour autant, ce très brillant natif de la République démocratique du Congo n’oublie par son pays d’origine, où il participe à plusieurs actions d’éducation aux sciences.
La théorie des cordes repose sur une idée assez simple : toutes les particules qui composent le monde à très petite échelle ne sont que l’expression de différents modes de vibration d’une minuscule boucle. La mise en oeuvre de cette idée pour reconstituer la physique connue est, elle, beaucoup moins simple. Jonathan Esole et ses collègues extraient de cette théorie des problèmes de mathématiques pures auxquels il s’attaquent. Parfois, leurs résultats, retraduits dans un langage compréhensible par les physiciens, aident ceux-ci à avancer dans leurs propres recherches.
Malgré ces développements très théoriques, Jonathan Esole a gardé les pieds sur terre. En particulier, il n’hésite pas à partager largement ses connaissances. En 2003, déjà, la première année de l’ouverture du premier centre AIMS, en Afrique du sud, il a été assistant lors d’un cours. Beaucoup plus récemment, en 2015, il donné des cours en Colombie, dans une école d’été consacrée aux méthodes mathématiques pour la physique théorique. Et il est professeur associé à l’Institut des Sciences, des Technologies, et Etudes Avancées d’Haïti, qui organise dans ce pays des écoles et des formations à distance.
Ces expériences, ainsi que le choix de son ancien mentor à l’université de Cambridge, au Royaume-Uni, Fernando Quevedo, d’accepter la direction du Centre international de physique théorique Abdus Salam (ICTP) de Trieste, qui accueille beaucoup de chercheurs africains, l’ont conduit à s’engager aujourd’hui dans son pays d’origine, la République Démocratique du Congo.
“Former une nouvelle génération de chercheurs congolais” est devenu son mot d’ordre. En attendant de mettre sur pied des écoles d’été, il soutient plusieurs initiatives. D’abord, entre le 9 et le 14 avril 2018, les Kinois pourront le croiser, lors de la cinquième édition de la “Semaine de la science et des technologies”, organisée à l’initiative de Raïssa Malu (ambassadrice de la RDC pour la rencontre internationale 2018 du NEF).
Un peu plus tard dans l’année, il sera à Lubumbashi, dans le Katanga, près de la frontière avec la Zambie. Là, dans une école fondée par l’association Malaika (“ange”, en Swahili), que dirige Noella Coursaris, ambassadrice pour le Global Fund, il enseignera les mathématiques à des jeunes filles défavorisées. Il est déjà intervenu à distance dans cette école, et participe à la définition du programme de mathématiques.
Enfin (pour l’instant), il collabore aussi avec Sandrine Mubenga, comme lui congolaise expatriée aux Etats-Unis, professeur à l’université de Toledo, dans l’Ohio, pour la création d’une plateforme de promotion des sciences et de la technologie au Congo (Sandrine Mubenga sera également présente à la Rencontre Internationale du NEF).
“La première richesse du Congo, dit-il, ce ne sont pas ses ressources naturelles, qui pourtant sont immenses : c’est le potentiel de tous ses habitants, sans exception.”
Jonathan Esole soutien des talents congolais
February 14, 2018